13 janv. 2009

Vers une architecture éphémère ?

Quand on parle du temps des cathédrales, on évoque souvent l’architecture d’autrefois, celle qui majoritairement était en pierre, bois et d’éléments naturels. Une architecture qui a survécu aux différentes guerres, qui a supporté les changements climatiques les plus difficiles et a résisté aux tendances éphémères. Certes, dans le temps, les cathédrales érigées ici et là prenaient leur temps pour finir, chaque détail était étudié, pesé, pensé, sculpté et finalement construit. On était loin de l’idée de la rentabilité immédiate, la pensée était de construire un bâtiment « durable » dans le temps, une construction qui tout en étant un symbole, constituait un patrimoine pour les générations futures.

Et un beau jour, après avoir connu et utilisé différents matériaux dans l’architecture, le béton a été découvert. Une révélation pour son époque, un matériau nouveau et différent qui a changé radicalement l’image des édifices. Toute une époque se caractérise par ces constructions où le béton est dominant, à l’état brut pour les uns, peint pour les autres, le béton bitumineux, armé, sous toutes ses formes. Jusqu’au jour où ce même béton est devenu ancien, un matériau qui « vieillit mal », son aspect « malade » n’a plus trouvé d’attrait. C’est là qu’on a essayé de chercher d’autres matériaux plus « propre » plus populaires et plus écologiques. Le béton brut qui a été le matériau de prédilection des plus grands architectes (comme Le Corbusier) aujourd’hui est crié pour son aspect brutaliste qui caractérise toute une époque d’architecture riche en mouvements et de nouveautés.

Aujourd’hui, les temps ont changé, l’architecture et les exigences des gens aussi. De nouveaux termes comme le développement durable ont trouvé une oreille attentive. Les matériaux de constructions se sont adaptés à ces changements, en apportant plus d’économie d’énergie, de facilité de fabrication et d’efficacité d’utilisation.

Mais une question vient toujours à l’esprit, malgré tous les progrès, toutes les performances techniques et l’existence de l’informatique, pourquoi les architectes d’aujourd’hui ne sont plus capables de construire des édifices durables dans le temps ? Pourquoi on est obligé de démolir et de rebâtir ? Pourquoi finalement ces matériaux dits « révolutionnaires » ne semblent pas à la hauteur d’une architecture équivalente à celle des cathédrales ?

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Construire et finir le plus vite, peu importe la qualité, ça nous mène à une architecture pas seulement éphémère mais cheap, pauvre en matière, idée et ce qui suit!

Anonyme a dit…

C'est ce souci de détail qui rend les cathédrales et autres constructions "durables" si respectables.
En revanche, à la radio, ils mitraillent que le bloc béton est totalement écolo. Ce n'est pas le même béton que celui de Le Corbusier?

Sipane a dit…

François:
Avec la crise, ça risque un ralentissement, un petit temps pour réfléchir peut être?

sheily:
Ils ont trouvé un nouveau genre de béton, va savoir...

Anonyme a dit…

il n'y a pas que le béton: la plupart des concepts à la base de l'architecture du dernier siècle ont duré moins de 50 ans!

Sipane a dit…

Tout à fait Marco et merci pour ta réponse.:-)

Anonyme a dit…

Ce n'est pas qu'une question de matière, mais bien souvent des parti-pris tendant vers le pur fonctionnalisme, l'épuration des lignes jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien a exprimer [tout en supprimant des composants utiles des façades], un travail en plan pour certains architectes sans vision volumétrique...
Ajoutons le rejet de l'architecture dite "classique" par certains enseignants dans les écoles, ce qui tend à alimenter l'oubli de l'art de la composition.

Ce qui donne une force à un objet, c'est que sa réflexion aille au-delà de sa simple destination... les cathédrales avaient une vocation spirituelle et fonction de repère urbain; l'architecture industrielle était le reflet de la réussite d'une entreprise avec sa communication, sa popularité et l'image de la qualité de leurs productions...

La matière étant la partie visible de ces réalisations, les raccourcis sont vite fait.

Sans compter que les clients n'ont bien souvent un paramètre uniquement budgétaire, qu'il ne savent pas toujours lire des plans, et qu'ils ne veulent pas se priver de leurs PSP, i-pod, aquarium & autre lecteur blu-ray...

Sipane a dit…

Bonne analyse et merci. :-)
La matière en effet n'est qu'un volet d'un vaste programme, il y a beaucoup à dire mais le malheureux résultat est là.

Anonyme a dit…

La question me semble complexe.

Qu'est-ce qui ne dure pas exactement ? les barres et les tours HLM des ZUP ? Oui, mais je dirais que c'est à peu près tout.

Peut-etre quelques équipements publics de la même époque... mais le reste me semble durer pour l'instant (pavillonnaire des années 70, bâti du début du XXeme siècle et avant). On répare, on rénove, et on construit neuf, et la ville continue de s'étendre. Mais au final il me semble qu'on jette peu. Peut-etre que si on parle autant de l'architecture k"leenex" c'est parce qu'elle a été associé a l'urbanisme monumental des années 60. Qui apparaît être un gachi. Mais il n'est quasiment associé qu'à ça. Et si il est kleenex c'est moins a cause des matériaux, ou même de la conception des logements (souvent mal isolés, mais bien pensés !), qu'à des questions purement d'argent !
Les ZUP on fait gagné beaucoup d'argent. Leur destruction aussi. Et leur reconstruction aussi.

Aujourd'hui s'ajoute aussi l'idée de la ville comme objet de consommation. On vous vent un logement, n'importe lequel, comme un produit. Ce qui peut participer aussi à l'idée de la ville "jetable" . Si on construisait dans les années 1960 les ZUP par besoin de loger des gens (et en urgence), une partie de ce que l'on connstruit aujourd'hui ne correspond plus vraiment à un besoin. Et dans cette vision des choses, on peut se dire qu'une partie de ce que l'on construit aujourd'hui, de qualité médiocre (a différent niveau) sera amené à être détruit. Mais pour des raisons autres que les ZUP (qui l'on été pour des raisons économiques, raisons sociales, raisons politiques, etc.)


Cela dit on peut se poser la question sur les bâtiments post modernes des années 80... souvent de la m**** à tout point de vue ^^ (allez hop poubelle!)

Sipane a dit…

Merci Fabien pour ton point de vue.
Intéressante l'idée de la "ville jetable".